Recherchés : Employeurs prêts à payer un salaire équitable. Avantages : des conditions propices à recruter et à fidéliser les travailleuses, de meilleures pratiques en ressources humaines, la fin de préjugés sexistes et une économie dynamique. Investissement requis : l’équité salariale.
L’équité salariale – à travail de valeur égale, salaire égal – est atteinte lorsqu’un emploi à prédominance féminine est rémunéré au même salaire qu’un emploi à prédominance masculine de valeur égale. En d’autres termes, si la valeur du travail est la même, le salaire doit l’être aussi.
En raison de la dévalorisation historique du travail fait traditionnellement ou surtout par les femmes, ces emplois sont trop souvent sous-payés. Ce n’est rien pour inciter de nombreuses femmes à intégrer le marché du travail ou à le réintégrer.
Si les employeurs dépendent de plus en plus sur le travail des femmes, les politiques, elles, n’ont pas suivi. Pour que tout le monde puisse profiter du marché du travail, il faut un changement systémique : il faut reconnaître la valeur du travail des femmes et le rémunérer en conséquence.
L’équité salariale facilite le recrutement et la fidélisation.
Le taux de chômage au Nouveau-Brunswick est peut-être déjà au-dessus de la moyenne nationale (7,1 % en mai), mais le nombre de postes vacants est toujours en hausse (14 380 au 4e trimestre en 2021).
La crise de la main-d'œuvre n'est pas alimentée par une pénurie de personnes prêtes à travailler, mais par une pénurie de personnes prêtes à travailler pour des salaires précaires.
Comme le Nouveau-Brunswick cherchera à combler des dizaines de milliers de postes dans les dix prochaines années, les employeurs auront de plus en plus de difficulté à recruter et à fidéliser les talents.
On s’en doute, les salaires sont les plus bas et la pénurie de main-d'œuvre est importante dans les secteurs d'emploi à prédominance féminine, comme le commerce de détail, les soins communautaires ainsi que l'hébergement et la restauration. Après avoir été jugés "essentiels" au plus fort de la pandémie, celles qui s'occupent de nos enfants, préparent notre nourriture, nous vendent des produits de base et soignent nos malades se demandent pourquoi elles ne sont pas payées en conséquence.
L'équité salariale est un outil pratique pour les employeurs afin de faire face à cette crise émergente. Offrir un salaire décent et équitable peut s’avérer un avantage concurrentiel.
L’équité salariale est un outil utile pour moderniser la pratique de rémunération.
Les évaluations d’emplois effectuées dans le cadre d’un exercice d’équité salariale exigent de bonnes descriptions de poste, car la valeur d’un emploi est calculée en se fondant sur la description de poste, à savoir les qualifications, les responsabilités, les conditions de travail et l’effort nécessaire pour effectuer les tâches. Les évaluations permettent de comparer les emplois à prédominance féminine et masculine et ainsi, de déterminer si les salaires reposent, consciemment ou non, sur des préjugés sexistes et, le cas échéant, de les corriger.
Il ne s’agit pas d’hypothèses. L’Ontario et le Québec ont déjà mis en place une législation sur l’équité salariale dans le secteur privé. Vingt-cinq ans après l’adoption de la Loi sur l’équité salariale au Québec, les retombées directes et indirectes sont importantes.
Effectivement, les employeurs notent que la mise en œuvre de l’équité salariale a donné lieu à de meilleures pratiques de rémunération, à un gain de productivité et à une compréhension approfondie des emplois.
L'équité salariale, c’est non seulement la chose à faire, c’est aussi un des outils de gestion des ressources humaines les plus pratiques qu’ont à leur disposition les employeurs.
L’équité salariale réduit les obstacles empêchant la participation des femmes à part entière sur le marché du travail et stimule l’économie.
Bien que la disparité salariale entre hommes et femmes s’atténue, les Néo-Brunswickoises gagnent toujours 1,74 $ l’heure de moins que les hommes, et leur taux de participation est le deuxième plus faible au pays (57,3 %). Le Nouveau-Brunswick n’est pas la seule province à se confronter à ce problème. Il est de l’intérêt supérieur des employeurs et de la province de maximiser la participation de la moitié de sa population.
Selon une étude menée en 2017, si la participation des femmes avait augmenté, entre 2016 et 2026 le PIB provincial aurait pu grimper de 3 à 4 %. Le meilleur moyen pour atteindre cet objectif, c’est de s’assurer que les salaires reflètent la valeur des emplois.
Au Nouveau-Brunswick, la loi sur l’équité salariale actuelle ne s’applique pas aux femmes qui occupent un emploi dans le secteur privé, soit 65 % des femmes sur le marché du travail. Par conséquent, les femmes font les frais de la disparité salariale. Elles comptent encore pour la majorité des personnes qui gagne le salaire minimum et cumule plusieurs emplois et elles sont deux fois plus susceptibles de travailler à temps partiel.
Si les employeurs veulent profiter d’une plus grande participation des femmes sur le marché du travail, il faudra leur offrir un salaire équitable.
L’équité salariale est une valeur que peuvent et doivent partager les employeurs et les travailleuses.
La jeune main d’œuvre professionnelle s’apprêtant à intégrer le marché du travail cherche des entreprises favorisant un milieu de travail diversifié, équitable et inclusif. L'une des principales conclusions du rapport de 2022 sur les meilleurs employeurs pour les jeunes au Canada révèle que les jeunes cherchent des employeurs qui correspondent à leurs valeurs. Il incombe aux employeurs de veiller à ce que leur engagement en matière de justice sociale soit non seulement reflété dans leur mission, mais aussi intégré dans leurs politiques de travail.
À la suite de l'adoption d'une loi sur l'équité salariale pour le secteur privé au Québec, on a constaté qu'en plus de l'augmentation des salaires, les impacts indirects de l'équité salariale sur le personnel incluent un meilleur sentiment de justice, une plus grande appartenance à l'entreprise, une hausse de la productivité et une amélioration du climat de travail.
En cette fête du Travail, l’équité salariale est une formule gagnante pour tous et toutes.
Krysta Cowling
Présidente de la Coalition pour l’équité salariale du Nouveau-Brunswick