En 2021, la COVID19 avait secoué le déroulement des activités. Je cherchais un emploi avant la reprise des cours à l'Université de Moncton. Je vivais à Dieppe à l'époque, et il y avait un foyer de soins spéciaux à proximité. J'ai commencé le travail au salaire minimum de 12,50 $ de l'heure et on m'a expliqué qu'après 6 mois, il y aurait une augmentation de 1 $. Les tâches consistaient à assister les personnes âgées dans leurs besoins, donner des bains, servir, débarrasser et nettoyer les tables, répondre aux cloches, prendre les pressions et tenir les superviseurs de la condition des résident.es. Certain.es demandent beaucoup plus d’assistance et d’attention parce qu’elles vivent avec la démence et n’ont pas leur capacité physique.
Le travail de soins est en grande partie occupé par des femmes, en particulier des femmes immigrantes dont je faisais partie. C’est un travail qui est faiblement rémunéré et demande beaucoup d’effort physique, des habiletés importantes, de grandes responsabilités, et des conditions de travail exigeantes. C’était le cas de mon foyer de soins spéciaux, où le personnel était majoritairement composé de femmes issues de l’immigration et la direction à l’époque était occupée par un homme. Comme préposée aux soins avec un salaire aussi bas, il est difficile voire-même impossible de subvenir à ses besoins.
Vaut-il la peine d'être plus pauvre pour un emploi essentiel aidant les personnes âgées?
De nombreux internationaux vivent dans cette situation lorsqu’ils déménagent ici au Nouveau-Brunswick, ne connaissant pas le fonctionnement des entreprises en matière de salaire, et les boulots accessibles sont ceux moins payés, dont les soins communautaires. Souvent c’est le même travail effectué mais les salaires ne sont pas les mêmes – le salaire étant un sujet tabou, beaucoup ne diront pas à combien ils sont payés par peur de perdre leur boulot.
Le travail de soins doit être valorisé, car c’est la dernière porte de refuge pour les personnes âgées qui ne voient que le personnel jour et nuit. Les entreprises vont chercher de la main d’œuvre à l’international pour combler ce rôle de préposée aux soins, et le gouvernement doit être le carburant essentiel pour investir chaque année dans ce travail. Les entreprises doivent construire un milieu de travail équitable pour l’ensemble de leurs employé.es quel que soit leur statut de citoyenneté, et le gouvernement doit valoriser ce travail essentiel en assurant des salaires équitables.
Aissatou Diyo Diakite
Moncton